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Claude Lévi-Strauss - Sociétés froides et sociétés chaudes | « zpět na seznam textů

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Dans ses entretiens radiophoniques avec Georges Charbonnier, en 1959, Claude Lévi-Strauss oppose les sociétés qu'étudie l'ethnologue aux sociétés modernes : « sociétés froides » et « sociétés chaudes ». Il reviendra sur cette distinction dans sa leçon inaugurale au Collège de France, en 1960. Il précise, à propos des sociétés qu'étudie l'ethnologue, pourquoi elles peuvent être définies comme « froides ». Il ne s'agit pas de dire que ces sociétés sont hors de l'histoire : elles sont dans l'histoire et leur passé est aussi ancien que le nôtre, elles ont connu des transformations, des crises, des guerres. Mais, dit-il, « tout en étant dans l'histoire, ces sociétés semblent avoir élaboré une sagesse particulière, qui les incite à résister désespérément à toute modification de leur structure, qui permettrait à l'histoire de faire irruption en leur sein. » Le souci dominant de ces sociétés est de vouloir persévérer dans leur être. Ce qui peut se résumer en trois grandes caractéristiques : la manière dont elles exploitent le milieu environnant garantit tout à la fois un niveau de vie modeste et la protection des ressources naturelles. Les règles de mariage que ces sociétés appliquent, si différentes qu'elles puissent être, ont pour point commun de limiter à l'extrême et de garder constant le taux de fécondité. Enfin, la vie politique y est fondée sur le consentement et n'admet pas d'autres formes de décision que celles fondées sur le principe de l'unanimité et exclut absolument tout fonctionnement fondé sur la lutte entre un pouvoir et une opposition, majorité et minorité, explo iteurs et exploités. Encore faut-il ajouter que cette distinction entre « sociétés froides » et « sociétés chaudes » est surtout théorique : « il n'existe probablement aucune société concrète qui, dans son ensemble et dans chacune de ses parties,   corresponde à l'un ou à l'autre type. »
« Je dirais que les sociétés qu'étudie l'ethnologue, comparées à notre grande, à nos grandes sociétés modernes, sont un peu comme des sociétés « froides » par rapport à des sociétés « chaudes », comme des horloges par rapport à des machines à vapeur
. Ce sont des sociétés qui produisent extrêmement peu de désordre, ce que les physiciens appellent « entropie », et qui ont une tendance à se maintenir indéfiniment dans leur état initial, ce qui explique d'ailleurs qu'elles nous apparaissent comme des sociétés sans histoire et sans progrès. Tandis que nos sociétés ne sont pas seulement des sociétés qui font un grand usage de la machine à vapeur ; au point de vue de leur structure, elles ressemblent à des machines à vapeur, elles utilisent pour leur fonctionnement une différence de potentiel, laquelle se trouve réalisée par différentes formes de hiérarchie sociale, que cela s'appelle l'esclavage, le servage, ou qu'il s'agisse d'une division en classes, cela n'a pas une importance fondamentale quand nous regardons les choses d'aussi loin et dans une perspective aussi largement panoramique. De telles sociétés sont parvenues à réaliser dans leur sein un déséquilibre, qu'elles utilisent pour produire, à la fois, beaucoup plus d'ordre - nous avons des sociétés à machinisme -et aussi beaucoup plus de désordre, beaucoup plus d'entropie, sur le plan même des relations entre les hommes. »


Cvičení 1 


Traduisez en tchèque le paragraphe suivant:
Les sociétés froides:
Il ne s'agit pas de dire que ces sociétés sont hors de l'histoire : elles sont dans l'histoire et leur passé est aussi ancien que le nôtre, elles ont connu des transformations, des crises, des guerres. Mais, dit-il, « tout en étant dans l'histoire, ces sociétés semblent avoir élaboré une sagesse particulière, qui les incite à résister désespérément à toute modification de leur structure, qui permettrait à l'histoire de faire irruption en leur sein.


Cvičení 2 


Expliquez en français la comparaison de C. Lévi-Strausse:
… les sociétés  sont un peu comme des sociétés « froides » par rapport à des sociétés « chaudes », comme des horloges par rapport à des machines à vapeur…

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