Výukové texty

Pierre Bourdieu - Pour un savoir engagé | « zpět na seznam textů

Kliknutím SEM přehrajete celý text. (kliknutím na danou větu ji přehrajete)

S’il est aujourd’hui important, sinon nécessaire, qu’un certain nombre de chercheurs indépendants s’associent au mouvement social, c’est que nous sommes confrontés à une politique de mondialisation. (Je dis bien une « politique de mondialisation », je ne parle pas de « mondialisation » comme s’il s’agissait d’un processus naturel.) Cette politique est, pour une grande part, tenue secrète dans sa production et dans sa diffusion. Et c’est déjà tout un travail de recherche qui est nécessaire pour la découvrir avant qu’elle soit mise en oeuvre. Ensuite, cette politique a des effets que l’on peut prévoir grâce aux ressources de la science sociale, mais qui, à court terme, sont encore invisibles pour la plupart des gens. Autre caractéristique de cette politique : elle est pour une part produite par des chercheurs. La question étant de savoir si ceux qui anticipent à partir de leur savoir scientifique les conséquences funestes de cette politique peuvent et doivent rester silencieux. Ou s’il n’y a pas là une sorte de non assistance à personnes en danger. S’il est vrai que la planète est menacée de calamités graves, ceux qui croient savoir à l’avance ces calamités n’ont-il pas un devoir de sortir de la réserve que s’imposent traditionnellement les savants .
Il y a dans la tête de la plupart des gens cultivés, surtout en science sociale, une dichotomie qui me paraît tout à fait funeste : la dichotomie entre scholarship et commitment- entre ceux qui se consacrent au travail scientifique, qui est fait selon des méthodes savantes à l’intention d’autres savants, et ceux qui s’engagent et portent au dehors leur savoir
. L’opposition est artificielle et, en fait, il faut être un savant autonome qui travaille selon les règles du scholarship pour pouvoir produire un savoir engagé, c’est-à-dire un scholarship with commitment. Il faut, pour être un vrai savant engagé, légitimement engagé, engager un savoir. Et ce savoir ne s’acquiert que dans le travail savant, soumis aux règles de la communauté savante… .
Il me semble que le chercheur n’a pas le choix aujourd’hui : s’il a la conviction qu’il y a une corrélation entre les politiques néolibérales et les taux de délinquance, une corrélation entre les politiques néolibérales et les taux de criminalité, une corrélation entre les politiques néolibérales et tous les signes de ce que Durkheim aurait appelé l’anomie, comment pourrait-il ne pas le dire
. Non seulement il n’y a pas à le lui reprocher, mais on devrait l’en féliciter. (Je fais peut-être une apologie de ma propre position.).
Maintenant, que va faire ce chercheur dans le mouvement social
. D’abord, il ne va pas donner des leçons - comme le faisaient certains intellectuels organiques qui, n’étant pas capables d’imposer leurs marchandises sur le marché scientifique où la compétition est dure, allaient faire les intellectuels auprès des non-intellectuels tout en disant que l’intellectuel n’existait pas. Le chercheur n’est ni un prophète ni un maître à penser. Il doit inventer un rôle nouveau qui est très difficile : il doit écouter, il doit chercher et inventer ; il doit essayer d’aider les organismes qui se donnent pour mission - de plus en plus mollement, malheureusement, y compris les syndicats - de résister à la politique néolibérale ; il doit se donner comme tâche de les assister en leur fournissant des instruments. En particulier des instruments contre l’effet symbolique qu’exercent les « experts » engagés auprès des grandes entreprises multinationales. Il faut appeler les choses par leur nom.



Cvičení 1 


Complétez le texte en traduisant les mots entre parenthèses:
S’il est aujourd’hui important, sinon nécessaire, qu’un certain nombre de (nezávislí badatelé) s’associent au mouvement social, c’est que nous sommes confrontés à une (politika globalizace). (Je dis bien une « politique de mondialisation », je ne parle pas de « mondialisation » comme s’il s’agissait d’un processus naturel.) Cette politique est, pour une grande part, (držena v tajnosti) dans sa production et dans sa (šíření). Et c’est déjà tout un travail de recherche qui est nécessaire pour la (odhalit) avant qu’elle soit mise en oeuvre. Ensuite, cette politique a des (účinky) que l’on peut   (předvídat) grâce aux ressources de la science sociale, mais qui, à   (krátkodobě) , sont encore (neviditelné) pour la plupart des gens. Autre caractéristique de cette politique : elle est pour une part produite par des chercheurs. La question étant de savoir si ceux qui anticipent à partir de leur savoir scientifique les (důsledky)  funestes de cette politique peuvent et doivent (zůstat zticha). Ou s’il n’y a pas là une sorte de   (neposkytnutí pomoci) à personnes (v ohrožení). S’il est vrai que la planète est (ohrožena) de calamités graves, ceux qui croient savoir à l’avance ces calamités n’ont-il pas un devoir de sortir de la (zdrženlivost)  que s’imposent traditionnellement les   (vědci)?
Il y a dans la tête de la plupart des (vzdělaní lidé), surtout en science sociale, une dichotomie qui me paraît tout à fait (zhoubná): la dichotomie entre scholarship et commitment - entre ceux qui se consacrent au (vědecká práce), qui est fait selon des méthodes savantes à l’intention d’autres savants, et ceux qui s’ (se angažují) et portent au dehors (své vědění). L’opposition est artificielle et, en fait, il faut être un savant autonome qui travaille selon (podle pravidel) du scholarship pour pouvoir produire un savoir engagé, c’est-à-dire un scholarship with commitment. Il faut, pour être un vrai savant engagé, légitimement engagé, engager un savoir. Et ce savoir ne s’ (se získává pouze) dans le travail savant, soumis aux (pravidla vědecké obce) …
(zdá se mi) que le chercheur n’a pas le (výběr)  aujourd’hui : s’il a la (přesvědčení) qu’il y a une corrélation entre les politiques néolibérales et les (míra zločinnosti), une corrélation entre les politiques néolibérales et tous les (znaky) de ce que Durkheim aurait appelé l’anomie, comment pourrait-il ne pas le dire ? Non seulement il n’y a pas à le lui (vyčítat), mais on devrait l’en féliciter. (Je fais peut-être une apologie de ma propre position...)
Maintenant, que va faire ce chercheur dans le mouvement social ? D’abord, il ne va pas (poučovat)  - comme le faisaient certains intellectuels organiques qui, n’étant pas capables d’ (uplatnit své zboží) sur le marché scientifique (kde je tvrdá soutěž), allaient faire les intellectuels auprès des non-intellectuels tout en disant que l’intellectuel n’existait pas. Le chercheur n’est ni un (věštec) ni un maître à penser. Il doit (vynalézt) un rôle nouveau qui est très difficile : il doit (poslouchat), il doit (hledat) et (vymýšlet) ; il doit (pokoušet) d´aider les organismes qui se donnent pour (poslání) de résister à la politique néolibérale ; il doit se donner comme (úkol) de les assister en leur fournissant des (nástroje). En particulier des instruments contre l’effet symbolique qu’exercent les « experts » (zaměstnaní u velkých multinárodních podniků ). Il faut appeler les choses par leur nom …



   

Cvičení 2 


Essayez de donner l´explication du terme „l´anomie“ employé par la sociologie depuis  E. Durkheim.

« zpět na seznam textů